OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Spotify vendu à Facebook http://owni.fr/2011/11/04/spotify-facebook-sean-parker-zuckerberg/ http://owni.fr/2011/11/04/spotify-facebook-sean-parker-zuckerberg/#comments Fri, 04 Nov 2011 10:41:11 +0000 Guillaume Dasquié et Benoit Le Corre http://owni.fr/?p=85529
Le 22 septembre, Facebook annonçait la mise en place d’un partenariat très étroit avec Spotify, la plateforme d’écoute musicale en streaming. Des fiançailles qui s’expliquent par des opérations financières croisées, pas franchement assumées par les deux sites. Lesquels avancent un peu masqués dans cette affaire.

Vu de l’extérieur, ce rapprochement instaure une forte contrainte pour les milliers d’utilisateurs de Spotify. Impossible désormais de se connecter à sa musique en ligne sans passer par son compte Facebook. Mais à entendre les acteurs de cette opération industrielle, il s’agirait simplement de simplifier la vie de l’utilisateur moyen.

Interrogé par OWNI, Julien Codorniou, responsable des partenariats de Facebook en France et au Bénélux, répète cette communication bien huilée. Selon lui :

Ce n’est pas un partenariat économique.

Nous avons pourtant retrouvé la trace de nombreuses transactions passées entre Spotify et l’un des principaux promoteurs de Facebook, Sean Parker. Soutien historique du fondateur Mark Zuckerberg, Sean Parker a été président de Facebook de 2004 à 2005. Et Parker détient encore 4 % des parts de Facebook tout en travaillant depuis juin 2011 au poste de directeur de Spotify – comme le signale sa page Facebook.

Une caisse enregistreuse au Luxembourg

Cependant, sa relation financière avec le fondateur de Spotify, le suédois Daniel Ek, se révèle bien plus ancienne. L’histoire débute véritablement le 23 novembre 2007, lorsque Daniel Ek, âgé de 24 ans, fonde à Londres Spotify Limited – devenu aujourd’hui le quartier général de l’entreprise, depuis des bureaux situés au 13 Kensington Square (comme le confirme une recherche sur l’adresse IP de ses serveurs).

Quelques mois plus tôt, ce futur siège social s’est vu doter d’un centre névralgique financier, baptisé Spotify Technology S.A, et installé dans un paradis fiscal européen, au Luxembourg. Cette caisse enregistreuse est de nos jours directement gérée depuis le siège de Londres, comme le montrent les registres britanniques.

Sean Parker, ancien fondateur de Napster aujourd'hui directeur de Spotify

Les bases de données du Grand-duché racontent l’histoire, plutôt exotique, de l’apparition de cette structure. Car Spotify Technology est créée le 27 décembre 2006 sous la houlette d’un financier local, Olivier Kuchly, pour des bénéficiaires qui s’abritent derrière des sociétés fiduciaires implantées à Chypre.

Trois ans plus tard, le 30 décembre 2009, Sean Parker entre officiellement au conseil d’administration de Spotify Technology, lors d’un apport de 11,5 millions d’euros. Quelques semaines après, le 26 février 2010, un fonds américain dirigé par Parker, Founders Fund, également présent dans Facebook, réalise un investissement dans Spotify.

Tout est en place pour préparer une intégration de Spotify dans Facebook ; et ainsi valoriser financièrement les goûts musicaux des centaines de millions d’amis. Le résultat commercial a été rendu public lors de la grand-messe annuelle de Facebook, le 22 septembre. Pour la plus grande joie de Sean Parker, qui depuis les tumultueuses années Napster, rêvait de conquérir le marché des préférences musicales, comme pourrait en témoigner cette correspondance adressée à Daniel Ek en 2009.

Contacté dans le cadre de cette enquête, les responsables de Spotify ont décliné notre proposition d’interview, demandant néanmoins que nous transmettions l’ensemble de nos questions à leur direction de la communication.


Illustration de une : Marion Boucharlat pour OWNI /-)

Photos via FlickR – jdlasica http://www.flickr.com/photos/jdlasica/6256555261/sizes/z/in/photostream/

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Amazon ouvre son locker musical http://owni.fr/2011/04/01/amazon-ouvre-son-locker-musical/ http://owni.fr/2011/04/01/amazon-ouvre-son-locker-musical/#comments Fri, 01 Apr 2011 07:00:09 +0000 David Héry - AF83média http://owni.fr/?p=31412 David Héry est rédacteur en chef du site AF83média.

Apple et Google sont sur les rangs pour lancer leur service de musique dématérialisée mais Amazon les devance en proposant le service Amazon Cloud Player, permettant aux utilisateurs de stocker leur bibliothèque musicale en ligne et d’y accéder via n’importe quel ordinateur ou mobile Android.

Avant toute chose, l’Amazon Cloud Player n’est disponible pour l’instant que sur le marché américain. Néanmoins, il devrait arriver chez nous très prochainement. L’Amazon Cloud Player se compose d’un Cloud Drive et d’un Cloud Player, le premier servant à stocker les fichiers et le second à les lire. Amazon met à disposition gratuitement 5 Go d’espace pour tous les internautes (soit 1000 chansons, 2000 photos ou 20 minutes de vidéo) et 20 Go à condition d’acheter un nouvel album sur Amazon. Ensuite, il est possible d’agrandir son espace de stockage à 50 Go (50 $ par an), 100 Go (100 $ par an), 200 Go (200 $ par an), 500 Go (500 $ par an) ou 1000 Go (1000 $ par an). Ce service est disponible sur les mobiles Android mais pas sur les iPhone. Amazon compte ainsi proposer une alternative à l’hégémonie d’iTunes.

“Nos clients nous ont dit qu’ils ne voulaient pas télécharger de musique sur leurs ordinateurs et portables de travail parce qu’ils trouvaient cela difficile de déplacer la musique d’un appareil à un autre”

explique Bill Carr, vice-président du département musique et films chez Amazon.

“Maintenant, qu’ils soient au boulot, à la maison ou sur leurs trajets, les clients peuvent acheter de la musique via Amazon MP3 et la stocker dans le cloud et la jouer n’importe où”.

La consommation de musique dématérialisée représente également un enjeu majeur pour Google et Apple. Google devait lancer à Noël dernier un service équivalent à celui d’Amazon. D’après les informations qui ont filtré,

ce service permettrait d’accéder à un espace de stockage virtuel et à une boutique de téléchargement pour 25 $ par an. Il permettrait également aux utilisateurs de partager des playlists. Pour le moment, Google est en pourparlers avec les maisons de disques pour s’entendre sur les conditions de rémunération du service.

De son côté, Apple travaillerait également sur un service de musique dématérialisée adossé à l’iTunes Store. Fin 2009, la société avait racheté lala.com, un site de streaming concurrent d’iTunes. Fermé depuis mai 2010, le site n’a pas réouvert depuis mais Apple utiliserait ses ingénieurs pour développer un service similaire à celui proposé par Amazon. Ce service serait inclus dans une nouvelle version de MobileMe qui permettrait à l’internaute d’accéder à ses fichiers musicaux via un service de musique en ligne, le tout pour 20 $ par an. Apple aurait déjà conclu un accord avec la major Warner.

A côté de ces poids lourds d’internet, de plus petites structures travaillent sur le concept de musique dématérialisée. Ainsi, lors du MidemNet Lab qui se tenait au cours du Midem en janvier dernier, l’application anglaise Psonar faisait partie du concours désignant LA start-up musique digitale B2C de l’année. Psonar permet à ses utilisateurs de sauvegarder leurs musiques dans un cloud et d’y accéder à tout moment et depuis tout type d’appareil. La start-up a développé également une nouvelle façon d’écouter de la musique légalement, le Pay-Per-Play. L’utilisateur peut écouter une chanson une fois. Cette écoute lui coûte une mini-facturation reportée sur son abonnement téléphonique.

Enfin, Spotify, pionnier sur le marché européen, permet depuis un an la fusion d’une bibliothèque musicale locale avec les morceaux du service. Mais ce service n’est pas disponible aux Etats-Unis. Autant dire qu’Amazon vient de frapper un grand coup sur le marché américain et que ses concurrents vont devoir réagir au plus vite. A suivre…

- EDIT -
Sony Music Entertainment a été la première major à réagir à l’annonce d’Amazon, par la voie d’un des ses porte-parole, qui a confié au Wall Street Journal : “Nous sommes déçus que le service de “locker” proposé par Amazon ne soit pas en accord avec les licences Sony Music”.

Ce à quoi Craig Pape, le directeur des services musicaux chez Amazon a répondu qu’il n’était pas d’accord : “Nous n’avons pas besoin de licence pour stocker de la musique. Notre service a les mêmes fonctionnalités qu’un disque dur externe”. (source : The New York Times).

Article initialement publié sur AF83média

Crédits photos : CC FlickR flakeparadigm ; cuttlefish

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De la difficulté de la rupture amoureuse à l’ère des réseaux sociaux http://owni.fr/2011/02/26/de-la-difficulte-de-la-rupture-amoureuse-a-lere-des-reseaux-sociaux/ http://owni.fr/2011/02/26/de-la-difficulte-de-la-rupture-amoureuse-a-lere-des-reseaux-sociaux/#comments Sat, 26 Feb 2011 18:00:22 +0000 Julia Vergely http://owni.fr/?p=48574 Robert, je te quitte“. Il y a encore peu de temps une rupture amoureuse, pour Robert, cela consistait à écouter en boucle de la mauvaise pop jusqu’à ce que toutes les larmes qu’il pût tirer de son corps meurtri aient coulé. Ou alors à aller se jeter dans les bras de la première pinte venue – ou alcool plus fort, c’est selon – pour noyer son chagrin. Ensuite c’était simple, nous avons tous été des Robert, un peu de volonté suffisait pour effacer de notre vie l’indésirable ou celui/celle qui ne nous désirait plus. Il suffisait de brûler les photos souvenirs, les lettres, les petits mots (je me souviens d’un feu de joie organisé par une amie il y a quelques années). Il fallait rendre à l’intéressé(e) les quelques affaires qui traînaient encore chez soi. L’étape n’était pas facile à franchir, il fallait du temps, mais un fois le cap dépassé, c’en était bel et bien fini.

Ça c’était avant. Et comme pour tout, oui, c’était mieux avant. Maintenant, Robert doit en plus tenter de gérer, pour la même rupture, l’existence numérique de ses ex. Et soyez-en sûr, Robert n’a pas fini de pleurnicher. Nos vies ne sont plus seulement matérielles, elles sont aussi virtuelles, rien de nouveau sous le soleil. Et comme on se demande si, une fois passés à trépas nos comptes sur les réseaux sociaux ne vont pas perturber nos amis à accomplir correctement leur deuil, la question se pose dans le cas de la rupture amoureuse. Les réseaux sociaux changent la donne et peuvent rendre une séparation beaucoup plus désagréable. Une agence de marketing américaine a d’ailleurs tenté d’instaurer le “break up with your ex day”, la veille de la Saint-Valentin. Tournez la page, unfollowez, bloquez, avancez ! Sage décision. Mais rupture numérique contre rupture réelle, deux poids, deux mesures. Le numérique fait replonger sans cesse les plus désespérés ou nostalgiques dans leur malheur.

Facebook: la piqûre de rappel

Lucie*, “larguée involontaire” a rapidement pris la décision de mettre son bourreau au supplice du profil limité sur Facebook. “Pour ne pas avoir la tentation de communiquer avec lui par statut interposé. Je savais que j’allais poster des choses pour lui adresser des messages. Ce qui est assez puéril, il faut en convenir !”. Passer de largué à hater, un grand classique du genre. Et sur Facebook il faut aussi que l’autre personne agisse. Lucie ne veut pas enlever son ex de ses amis, trouvant cela puéril. Elle aurait pu utiliser cette extension Chrome, joliment bâptisée “Eternal Sunshine“ (( du nom du film Eternal Sunshine of the Spotless Mind sur la difficulté de l’oubli dans le couple, ndlr ))  qui permet simplement de cacher une personne indésirable de Facebook sans avoir à l’unfriender. C’est lâche, certes, mais c’est un acte sûrement moins déclaratif que le plus classique et cruel blocage. Mais Lucie n’a rien fait de tout ça.

Lui ne m’a pas du tout restreint l’accès à son profil. Résultat ça a été horrible, pendant trois ou quatre mois j’ai été complètement obsédée

Lucie regarde tout. Les photos, les amies qu’il ajoute, le moindre post, tout est analysé. Elle a beau le “hider” de sa timeline, elle ne peut s’empêcher d’y aller pour avoir son shoot quotidien. “J’avais une volonté de trois minutes. C’est comme une drogue: c’est un peu malsain, ça n’apporte rien et ça fait du mal“.  Et Lucie d’ajouter qu’avant tout cela, une rupture se déroulait normalement. Qu’on finissait par ne plus voir les gens et donc par les oublier. “Là, c’est sans cesse des piqûres de rappel, qui se transforment la plupart du temps en grosses claques. Avec les réseaux sociaux, il n’y a pas de guérison. On rouvre systématiquement la plaie“.

Control freak

Ah si le pauvre Werther avait su ! Au lieu de passer ses journées à se lamenter le regard perdu dans la montagne pour y voir des signes, lui qui voulait tant tout connaître de sa chère Charlotte. Facebook ne l’aurait pas guéri non. Y aurait-il eu moins de souffrance? C’est sans compter sur Twitter. Parce que Twitter l’aurait peut-être transformé… en control freak.

Twitter c’est plus vicieux”. Louis* non plus n’a pas choisi de retourner au célibat. Et s’il a pu gérer tant bien que mal Facebook, Twitter a été un tout autre calvaire. “On peut tout voir. Il suffit de chercher le pseudo de la personne en question et tout s’affiche.. ce qu’elle twitte, qui lui répond. C’est assez fou. Pendant longtemps j’y allais plusieurs fois par jour. C’était une envie impossible à réfréner. Et je continue à le faire tout en sachant que c’est nul”. Pauvre Louis. Le monde numérique est contre sa toute petite volonté, et son historique de navigation est toujours là pour le lui rappeler. “Je me sentais stupide alors j’ai fini par effacer systématiquement l’historique. Comme ça quand je vais voir son profil, c’est comme si c’était le première fois, ça déculpabilise un peu“. Control freak ? Non, amoureux éconduit qui n’arrive pas à tourner la page et qui n’est pas aidé par les possibilités de stalking qu’offre Twitter et qui cherche selon lui a lutter contre le soudain silence.

Si comme Antonio Casilli, chercheur et auteur des Liaisons numériques (paru au Seuil), on considère que les usages numériques sont un prolongement de la sociabilité dans la mesure où ils complètent l’interaction, on voit où le bât blesse. Mais pour le chercheur, les liens entretenus dès lors sont différents: “Avant Internet, dans la suite d’une rupture, prendre des nouvelles de son ex revenait à réaffirmer qu’un lien fort existait deux personnes. Avec Internet il n’est plus besoin de réaffirmer clairement ce lien. On peut continuer à entretenir une interaction, mais il s’agira d’un lien beaucoup plus faible, basé sur des signaux fragmentés. Le stalker, celui qui traque, se contentera d’une observation passive ou même d’un suivi flottant. Cette articulation entre éléments forts et faibles est peut-être une manière plus souple d’articuler une dynamique relationnelle”.

Dans les cas de Lucie et de Louis, l’interprétation joue le premier rôle. Antonio Casili explique :

C’est exactement comme quand on pense à quelqu’un et qu’on imagine ce qu’il fait. Avec les réseaux sociaux, il y a une fausse impression d’objectivité dont il faut se méfier, mais il s’agit bien du même travail de projection imaginaire. On est constamment en train d’attribuer à l’autre une intention ou un sentiment.

Fais-toi mal Johnny

Avant l’heure des amours ultra connectées, lors d’une rupture qui se passait mal, il était toujours possible – dans les cas ultimes – d’aller espionner celle ou celui qui vous avez lâchement délaissé. Définition historique du stalking: l’attendre à la sortie du bureau, de son appartement. C’est ce que tente de faire Rob dans le très bon roman de Nick Hornby. Mais là, problème, le risque était de passer pour un sale pervers un brin taré et de finir avec une main courante aux fesses. Aujourd’hui, l’éconduit de la génération Y peut s’adonner à sa perversion sans craindre les conspuassions de la société. Depuis chez lui, le célibataire malgré lui peut tranquillement espionner de multiples profils. S’il est muni d’un smartphone, il pourra même le faire dans le métro. Personne ne le traitera de dingue et la police ne pourra rien faire pour empêcher son addiction malsaine. Personne ne le saura et cela deviendra son petit jardin secret.

Et là, fais-toi mal Johnny. “Je sais que son nouveau mec est sur Twitter. Je m’efforce autant que possible de ne pas regarder sa timeline. Mais ce qui est dur c’est qu’on peut suivre leur relation. C’est assez douloureux. C’est d’ailleurs grâce à Twitter que j’ai su qui m’avait remplacé”. Louis joue donc un peu trop avec le feu, non sans faire le terrible constat qu’à part une véritable force de caractère, il ne voit pas de solution pour arrêter de se torturer ainsi. La timeline est là, elle est publique. Accessible en un seul clic. “Avant on pouvait perdre contact avec une ex beaucoup plus naturellement. C’est dommage”. Louis n’en a pas fini. Pour Antonio Casilli, il ne s’agit ni plus ni moins que du “prolongement de la détresse relationnelle”.

C’est la même chose que dans la réalité mais dans une autre modalité. Il y a une envie très forte qu’Internet change la donne, change les règles du jeu amoureux – pour reprendre le slogan de Meetic. Les relations assistées par le web sont le symptôme d’une envie de changement dans les équilibres relationnels.

Le stalking maladif

Pour les plus vicieux ou les plus désespérés, chacun choisira son camp, il y a moyen d’aller encore plus loin. Il y a Spotify ou LastFm. “J’ai commencé par supprimer ses playlist de mon compte”. C’est un bon début pour Joseph, éconduit, on l’aura compris, mais il faut ensuite réprimer une nouvelle curiosité malsaine. “J’allais régulièrement sur son profil pour connaître les artistes et les chansons qu’il écoutait le plus. Si c’était de la sale pop pseudo romantique ça me réjouissait. Elle était triste et moi, ça me rendait heureux. Et puis quand c’était des titres bien plus entraînant et joyeux, forcément, ça ne me faisait pas le même effet”. Stalking maladif, poussé à l’extrême. Sado-masochisme irrépressible.

Facebook, Twitter, Spotify ou encore Foursquare vont nourrir le lien qui a besoin d’être détruit en cas de rupture amoureuse. Même si la communication réelle n’est en rien remplacée par celle virtuelle, elle permet de maintenir un faux-semblant. La séparation a donc besoin de se faire deux fois selon Antonio Casilli. “Les deux ruptures doivent être négociées ensemble. La première phase est la rupture réelle, qui se fait en face à face ou au téléphone, la deuxième rupture se fait sur les usages en ligne: on bloque sur MSN, on “défriende” sur Facebook, etc. La troisième phase est celle qui consiste à arrêter d’aller se renseigner sur ses ex. C’est un acte volontaire d’aller chercher des informations, mais nous vivons dans un environnement cognitif dense, plein de traces numériques, parfois elles viennent vers nous.

Et pour ceux qui voudraient forcer la main à l’information, des petits malins ont créé une application sur Facebook, qui n’est décidément pas un outil conçu pour l’oubli, proposant de manière pernicieuse de vous informer si votre dulcinée est de nouveau sur le marché. Le “breakup notifier” a en quelques jours séduit près de 3 millions de personnes… avant d’être supprimée à la demande de Facebook. Le créateur de l’application, Dan Loewenherz affirme pourtant vouloir le bien des utilisateurs. “C’est vraiment un outil pratique. Quitte à rafraîchir la page du profil de quelqu’un 20 fois par jour, pourquoi ne pas plutôt recevoir une alerte qui vous prévient quand il se passe quelque chose ?“. Oui, pourquoi pas? Maintenant vous n’avez plus qu’à passer votre temps à rafraîchir frénétiquement vos mails. Pratique.

* Les prénoms ont été modifiés.

Illustrations CC FlickR: Julian Camus et Ed Yourdon

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“Music Net.Works” Yes we can! http://owni.fr/2011/02/26/music-net-works-yes-we-can/ http://owni.fr/2011/02/26/music-net-works-yes-we-can/#comments Sat, 26 Feb 2011 12:52:32 +0000 Hugo Amsellem http://owni.fr/?p=48607

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Article initialement publié sur OWNImusic sous le titre: “Bilan Music Net.Works #1: ‘le MP3 est mort, vive l’URL?’”

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Il manquait un événement qui réunisse la nouvelle génération des acteurs de l’innovation et de la musique autour d’une même table. C’est chose faite avec Music Net.Works, un rendez-vous qui ambitionne de faire avancer le débat en rassemblant des intervenants pertinents devant un public divers issu des deux mondes. L’adoption de formats qui se veulent innovants et des sujets volontiers provocateurs sont les conditions de réussite de cette organisation. La première édition a eu lieu lundi 21 février et la synthèse qui suit vous est offerte par Hugo Hemsellem, auteur du blog industriemusicale.com.

Hier se tenait à la Cantine (@LaCantine) la première édition des MusicNet.Works qui ambitionne mensuellement de se faire rencontrer les acteurs de l’écosystème web/musique. Pour cette première session, des intervenants de qualité ont débattu autour d’une problématique volontairement provocatrice : «Le mp3 est mort, vive l’URL ?».

Le modèle de la conférence est clair, cinq minutes de pitch par intervenant pour répondre à la problématique donnée, en privilégiant deux approches, l’approche usage et l’approche économique. Modérateur de la conférence, Aymeric Pichevin, co-fondateur du Home Sessions Club et correspondant en France du magazine Billboard, introduit avec une définition du «Cloud Computing» comme concept plus large que le concept d’URL. Ce soir l’opposition sera faite entre le mp3 (en tant que produit) et le streaming (en tant qu’accès).

Premier intervenant, Franz Tournadour (fondateur de Playlive) commence son raisonnement par une mise en abîme en rappelant que Spotify et consorts streament un fichier réel. Ce fichier réel, le mp3 (nom générique) est un fichier accessible et organisable en local. Le stream correspond donc à un mp3 connecté permettant une expérience utilisateur optimisée et complexifiée. Conséquemment, l’URL (ou le mp3 connecté) permet de sortir du paradigme de l’enregistrement que le mp3 perpétuait, et accroit l’innovation et les possibilités. Selon Franz, l’URL, contrairement au mp3 seul, permet à l’artiste de partager un univers, accroît la valeur d’usage et ouvre donc la porte à une monétisation logique. Il reprend la logique d’adoption de masse et rappelle que si 10% des internautes payent 10€ par mois pour un tel abonnement, l’industrie musicale s’en porterait mieux qu’en 2000. Ce raisonnement revient à dire qu’une forme de licence globale par les acteurs de l’innovation est une solution à long terme pour l’industrie, ce qui est pertinent mais soulève d’autres problèmes de liquidités à court terme.

Antoine El Iman (Noomiz) / Annina Svensson (Spotify)

Annina Svensson, DG de Spotify France met elle en avant le paradoxe du mp3, avec des situation parfois ironique de synchronisation impossible entre mobile et fixe. Annina va alors naturellement orienter le débat vers l’accès à la musique, et désormais définir cet accès comme une commodité. Conséquemment, et reprenant l’analyse très connue de Gerd Leonard, Music Like Water, elle déclare que la valeur est déportée vers le contenu ajouté. Spotify est donc conçu comme une plateforme, et permet aux développeurs et aux utilisateurs d’adapter le service à leurs besoins. Mais Spotify permet aussi aux marques, via du Branded Content de densifier l’expérience utilisateur, et donc permettre aux annonceurs d’adapter également la plateforme à leurs besoins. Encore une fois cette réponse très théorique et conceptuelle ne prend pas en compte les réalités économiques de certains acteurs qui ne vivent que de la création de valeur par la musique. Si la valeur économique est déportée vers le contenu ajouté, quelle redistribution pour ceux qui vivent du contenu brut, la musique ?

Yvan Boudillet, responsable du département digital business development chez EMI Music France commence par saluer (et il a bien raison) l’initiative qui réunit les créateurs et les entrepreneurs autour de l’innovation. Sa démonstration commence par le refus de rentrer dans une opposition des formats stream et mp3. Il ne faut pas rentrer dans une guerre des formats, car il n’existe plus de problèmes d’interopérablilité. Par ailleurs, Yvan préfère parler de musique connectée et enrichie avec des initiatives comme Opendisc et défini le l’URL comme un lien entre les différentes expériences. Il tient également à éviter l’opposition DRM (construire autour du mp3 par les métadonnées) vs. CRM (connaître les consommateurs et leur parler). Il en profite pour admettre que les majors expérimentent mais ne sont pas expertes sur ces sujets-là, du moins pas encore. Ce travail doit être fait en amont de la démarche de commercialisation et de production, et les métadonnées deviendront alors la clé de voute de l’écosystème de la musique. Cette intervention pleine de sens nous rappelle que les execs de majors ont aussi les mains dans le cambouis et que les solutions se trouvent le plus souvent dans l’expérimentation et l’itération. Cette importance des métadonnées démontre qu’il est primordial pour l’industrie musicale de transformer les données en informations et impérativement en connaissance. Ce process expliqué par la demi-punchline «DRM marche avec CRM» fait sens et nous permet d’identifier un premier chantier concret avant de rentrer dans des considérations presque métaphysiques de l’avenir de l’industrie musicale.

Gilles Babinet, Aymeric Pichevin, Yvan Boudillet (EMI Music France)

Antoine El Iman, fondateur de Noomiz rappelle que les utilisateurs ont envie d’ubiquité, d’exhaustivité et de découvrir/partager. Sur ces observations, pas de chiffres mais des tendances : très faible croissance du téléchargement légal, forte croissance sur le streaming et surtout sur les réseaux sociaux (80% du trafic sur Noomiz). Pour Antoine l’URL va même plus loin, puisqu’elle permet d’analyser et d’interpréter l’audience et de générer des recommandations sociales. Ces outils sont donc pertinents face au besoin des maisons de disques de détecter les nouveaux talents, puisque ces derniers représente une part croissante des revenus (+15% chaque année depuis 3 ans). C’est un reproche qu’il fait à l’industrie musicale des années 2000 qui ne s’est pas occupée des consommateurs finaux mais des intermédiaires.

Romain Becker de chez Believe Digital, a surtout mis l’accent sur le lien entre l’URL et les ayant-droit, ce format permettant d’identifier celui qui lui est rattaché directement. Une fois que l’on maitrise les contenus (piratage en baisse) et les ayant-droit, il faut considérer le web comme un média. Ce process permet selon Romain de reconstruire à travers l’URL un réel modèle économique. Encore faut-il s’assurer que l’on maitrise les contenus, chose peu aisée étant donnés les usages ancrés de piratage. La théorie avancé par Romain Becker sous-tend à juste titre qu’un écosystème à besoin de fondations solides (process, organisation, standards) pour pouvoir innover. Dans le cas de l’industrie musicale, les process ne sont pas encore complètement industrialisés, la transparence de l’information est multilatéralement faible, et les standards encore balbutiants. Il reste donc encore énormément de travail pour solidifier cet écosystème et «reconstruire à travers l’URL un réel modèle économique».

Laurent Bizot, DG du label No Format présente la vie d’un label. Il rappelle l’importance de la création, et chiffre concrètement ses arguments. Un album c’est deux ans de gestation, et en moyenne 20 000 euros d’investissement pour un producteur. Un label comme No Format reverse à l’artiste de 30 à 65% des revenus générés par la vente d’un CD, et a besoin de vendre autour de 7000 albums digitaux pour arriver à l’équilibre, alors qu’il lui faut 222 millions d’écoutes sur Spotify pour le même résultat. La situation décrite est connue, mais à le mérite de mettre en exergue le paradoxe que connait l’industrie musicale dans sa gestion de l’innovation. Laurent Bizot utilise et apprécie Spotify, c’est pour lui la meilleure expérience utilisateur pour consommer la musique, mais il pense chaque jour à retirer son catalogue du site suédois pour simplement survivre. Même s’il se rend compte que c’est l’avenir, cette solution n’est pas monétisable pour la création à court terme. En ouverture il demande aux FAI et aux sites de streaming de soutenir la création sous forme de taxe, ou de contrepartie (Spotify qui donne les données relatives aux écoutes).

Le panel

Gilles Babinet, serial entrepreneur web/musique provoque d’entrée : «fuck the format?». Il propose de se recentrer sur les usages de la musique, comme lorsqu’il a créé Musiwave et compris que les jeunes voulaient des sonneries Hi-Fi. Cette réflexion qui peut créer du sens et de l’argent doit être au coeur de la réflexion. Les 8-12 ans, sur des sites de partage de vidéos comme Youtube ou Dailymotion, regardent la musique à plus de 50%, et c’est à partir d’un constat comme celui-ci que l’on peut donner des réponses pertinentes selon Gilles. Quant au financement de la création ? Il est cyclique et à connu le mécénat pour aller vers le financement participatif. Pour l’instant la priorité est de gagner en nombre d’entité qui peuvent pousser et promouvoir la musique, et surtout de développer des interfaces utilisateurs ultra simplifiées. Pour autant le nombre d’entité dans cet écosystème (il commence à y avoir pas mal d’acteurs) est intéressant mais leurs impacts potentiels respectifs ne semblent pas suffire à transformer la valeur d’usage en valeur économique, ce qui est impactant pour les petites entités.

Philippe Cohen Solal, de Gotan Project est auteur, artiste et producteur. Pour le mot de la fin il raconte son histoire d’amour avec le vinyle et son désamour pour le mp3. Donc il a un regard assez détaché sur la mort possible de ce format et se demande surtout comment l’industrie peut gagner de l’argent. Il va tenter l’analogie avec l’apparition de la radio libre perçue alors comme une menace pour les maisons de disques, puisque elle permettait l’écoute continue de musique en haute qualité. L’URL va-t-elle devenir la radio du mp3 ?

Sur ces pitchs d’intervenants, les problématiques économiques n’ont été que trop peu abordées, et le sont dans la seconde partie : le débat, «Quelle formes de monétisations pour la musique ?»

Annina Svensson ne veut pas oublier la création, sans laquelle une initiative comme Spotify n’aurait pas de sens. L’exhaustivité du catalogue détermine la valeur de l’offre de Spotify, et même si les labels peuvent percevoir le site de streaming suédois comme une menace, elle leur demande un peu candidement de faire un «Leap of faith» et de croire à long terme à ce modèle. Yvan Boudillet envisage des modèles coexistants et rappelle que le streaming est un relais de croissance pour le mp3 (Deezer 1er affilié d’iTunes, etc.). De plus l’identification de valeur sur le streaming est complexe puisqu’elle fluctue en fonction de l’utilisateur. Sur iTunes, le prisme du prix peut être animé ce qui est plus difficile sur une logique cross-plateforme. Et ce prisme du prix peut permettre un relais de croissance pour le back catalogue en créant des promotions croisées entre les nouveaux artistes et les artistes dont ils se réclament. Lors de ce débat il sera aussi rappelé que l’iTunes-dépendance existe encore, mais qu’elle empêche le paradigme de la longue traine d’être validé. Ainsi sur le streaming les abonnés payants à Spotify valident ce paradigme et écoutent beaucoup plus de musique indépendante que les utilisateurs de la version gratuite.

Philippe Cohen-Solal (Gotan Project), Annina Svensson, Franz Tournadour (Playlive), Gilles Babinet, Aymeric Pichevin

Pourtant dans ce débat parfois assez consensuel les questions pratiques ne sont pas abordées. Les problématiques de financement de cet écart de trésorerie entre un business model concentrique autour du disque et un business multicentrique autour de l’artiste sont évitées. Et pour cause, les principales pistes de financement impliquent que la musique ne soit plus monétisée directement, mais serve de produit d’appel pour d’autres industries. Si les notions de «Branded Content», de «Social Gaming» et d’abonnement téléphoniques sont uniquement avancées quand on parle monétisation, le risque pour les créateurs et les producteurs de devenir dépendant de ces acteurs devient important.

Du coté des questions, elles sont restées plutôt génériques, avec un décalage réel entre les attentes du public et les réponses des panélistes. En témoigne une intervention d’un artiste vraisemblablement irrité par la tournure quasi exclusivement business qu’a pris la conférence, qui s’en est pris principalement à Annina Svensson, DG de Spotify France, et à son incapacité à répondre concrètement à des questions de monétisation de la création. Sur Twitter, de nombreux participants attendaient une question sur la licence globale, mais sans revendications précises. Cette bataille date un peu et semble être obsolète face à la configuration actuelle des acteurs (entrepreneurs et créateurs) autour de la gestion de l’innovation.

En résumé une très bonne première édition d’un rendez-vous que les acteurs attendent désormais mensuellement, et qui sera également attendu par le public avec de nombreuses questions on l’espère les plus constructives possibles. On imagine et espère des prochaines éditions plus spécifiques avec des sujets précis et des intervenants tout aussi pertinents.

Retrouvez ci-dessous le débat en vidéo:

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Illustrations CC FlickR: Ophelia Noor et Silicon Maniacs

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http://owni.fr/2011/02/26/music-net-works-yes-we-can/feed/ 22
Bilan Music Net.Works #1 : “Le MP3 est mort, vive l’URL?” http://owni.fr/2011/02/25/bilan-music-net-works-1-le-mp3-est-mort-vive-lurl/ http://owni.fr/2011/02/25/bilan-music-net-works-1-le-mp3-est-mort-vive-lurl/#comments Fri, 25 Feb 2011 06:00:03 +0000 Hugo Amsellem http://owni.fr/?p=30519 Hier se tenait à la Cantine (@LaCantine) la première édition des MusicNet.Works qui ambitionne mensuellement de se faire rencontrer les acteurs de l’écosystème web/musique. Pour cette première session, des intervenants de qualité ont débattu autour d’une problématique volontairement provocatrice : «Le mp3 est mort, vive l’URL ?».

Le modèle de la conférence est clair, cinq minutes de pitch par intervenant pour répondre à la problématique donnée, en privilégiant deux approches, l’approche usage et l’approche économique. Modérateur de la conférence, Aymeric Pichevin, co-fondateur du Home Sessions Club et correspondant en France du magazine Billboard, introduit avec une définition du «Cloud Computing» comme concept plus large que le concept d’URL. Ce soir l’opposition sera faite entre le mp3 (en tant que produit) et le streaming (en tant qu’accès).

Premier intervenant, Franz Tournadour (fondateur de Playlive) commence son raisonnement par une mise en abîme en rappelant que Spotify et consorts streament un fichier réel. Ce fichier réel, le mp3 (nom générique) est un fichier accessible et organisable en local. Le stream correspond donc à un mp3 connecté permettant une expérience utilisateur optimisée et complexifiée. Conséquemment, l’URL (ou le mp3 connecté) permet de sortir du paradigme de l’enregistrement que le mp3 perpétuait, et accroit l’innovation et les possibilités. Selon Franz, l’URL, contrairement au mp3 seul, permet à l’artiste de partager un univers, accroît la valeur d’usage et ouvre donc la porte à une monétisation logique. Il reprend la logique d’adoption de masse et rappelle que si 10% des internautes payent 10€ par mois pour un tel abonnement, l’industrie musicale s’en porterait mieux qu’en 2000. Ce raisonnement revient à dire qu’une forme de licence globale par les acteurs de l’innovation est une solution à long terme pour l’industrie, ce qui est pertinent mais soulève d’autres problèmes de liquidités à court terme.

Antoine El Iman (Noomiz) / Annina Svensson (Spotify)

Annina Svensson, DG de Spotify France met elle en avant le paradoxe du mp3, avec des situation parfois ironique de synchronisation impossible entre mobile et fixe. Annina va alors naturellement orienter le débat vers l’accès à la musique, et désormais définir cet accès comme une commodité. Conséquemment, et reprenant l’analyse très connue de Gerd Leonard, Music Like Water, elle déclare que la valeur est déportée vers le contenu ajouté. Spotify est donc conçu comme une plateforme, et permet aux développeurs et aux utilisateurs d’adapter le service à leurs besoins. Mais Spotify permet aussi aux marques, via du Branded Content de densifier l’expérience utilisateur, et donc permettre aux annonceurs d’adapter également la plateforme à leurs besoins. Encore une fois cette réponse très théorique et conceptuelle ne prend pas en compte les réalités économiques de certains acteurs qui ne vivent que de la création de valeur par la musique. Si la valeur économique est déportée vers le contenu ajouté, quelle redistribution pour ceux qui vivent du contenu brut, la musique ?

Yvan Boudillet, responsable du département digital business development chez EMI Music France commence par saluer (et il a bien raison) l’initiative qui réunit les créateurs et les entrepreneurs autour de l’innovation. Sa démonstration commence par le refus de rentrer dans une opposition des formats stream et mp3. Il ne faut pas rentrer dans une guerre des formats, car il n’existe plus de problèmes d’interopérablilité. Par ailleurs, Yvan préfère parler de musique connectée et enrichie avec des initiatives comme Opendisc et défini le l’URL comme un lien entre les différentes expériences. Il tient également à éviter l’opposition DRM (construire autour du mp3 par les métadonnées) vs. CRM (connaître les consommateurs et leur parler). Il en profite pour admettre que les majors expérimentent mais ne sont pas expertes sur ces sujets-là, du moins pas encore. Ce travail doit être fait en amont de la démarche de commercialisation et de production, et les métadonnées deviendront alors la clé de voute de l’écosystème de la musique. Cette intervention pleine de sens nous rappelle que les execs de majors ont aussi les mains dans le cambouis et que les solutions se trouvent le plus souvent dans l’expérimentation et l’itération. Cette importance des métadonnées démontre qu’il est primordial pour l’industrie musicale de transformer les données en informations et impérativement en connaissance. Ce process expliqué par la demi-punchline «DRM marche avec CRM» fait sens et nous permet d’identifier un premier chantier concret avant de rentrer dans des considérations presque métaphysiques de l’avenir de l’industrie musicale.

Gilles Babinet, Aymeric Pichevin, Yvan Boudillet (EMI Music France)

Antoine El Iman, fondateur de Noomiz rappelle que les utilisateurs ont envie d’ubiquité, d’exhaustivité et de découvrir/partager. Sur ces observations, pas de chiffres mais des tendances : très faible croissance du téléchargement légal, forte croissance sur le streaming et surtout sur les réseaux sociaux (80% du trafic sur Noomiz). Pour Antoine l’URL va même plus loin, puisqu’elle permet d’analyser et d’interpréter l’audience et de générer des recommandations sociales. Ces outils sont donc pertinents face au besoin des maisons de disques de détecter les nouveaux talents, puisque ces derniers représente une part croissante des revenus (+15% chaque année depuis 3 ans). C’est un reproche qu’il fait à l’industrie musicale des années 2000 qui ne s’est pas occupée des consommateurs finaux mais des intermédiaires.

Romain Becker de chez Believe Digital, a surtout mis l’accent sur le lien entre l’URL et les ayant-droit, ce format permettant d’identifier celui qui lui est rattaché directement. Une fois que l’on maitrise les contenus (piratage en baisse) et les ayant-droit, il faut considérer le web comme un média. Ce process permet selon Romain de reconstruire à travers l’URL un réel modèle économique. Encore faut-il s’assurer que l’on maitrise les contenus, chose peu aisée étant donnés les usages ancrés de piratage. La théorie avancé par Romain Becker sous-tend à juste titre qu’un écosystème à besoin de fondations solides (process, organisation, standards) pour pouvoir innover. Dans le cas de l’industrie musicale, les process ne sont pas encore complètement industrialisés, la transparence de l’information est multilatéralement faible, et les standards encore balbutiants. Il reste donc encore énormément de travail pour solidifier cet écosystème et «reconstruire à travers l’URL un réel modèle économique».

Laurent Bizot, DG du label No Format présente la vie d’un label. Il rappelle l’importance de la création, et chiffre concrètement ses arguments. Un album c’est deux ans de gestation, et en moyenne 20 000 euros d’investissement pour un producteur. Un label comme No Format reverse à l’artiste de 30 à 65% des revenus générés par la vente d’un CD, et a besoin de vendre autour de 7000 albums digitaux pour arriver à l’équilibre, alors qu’il lui faut 222 millions d’écoutes sur Spotify pour le même résultat. La situation décrite est connue, mais à le mérite de mettre en exergue le paradoxe que connait l’industrie musicale dans sa gestion de l’innovation. Laurent Bizot utilise et apprécie Spotify, c’est pour lui la meilleure expérience utilisateur pour consommer la musique, mais il pense chaque jour à retirer son catalogue du site suédois pour simplement survivre. Même s’il se rend compte que c’est l’avenir, cette solution n’est pas monétisable pour la création à court terme. En ouverture il demande aux FAI et aux sites de streaming de soutenir la création sous forme de taxe, ou de contrepartie (Spotify qui donne les données relatives aux écoutes).

Le panel

Gilles Babinet, serial entrepreneur web/musique provoque d’entrée : «fuck the format?». Il propose de se recentrer sur les usages de la musique, comme lorsqu’il a créé Musiwave et compris que les jeunes voulaient des sonneries Hi-Fi. Cette réflexion qui peut créer du sens et de l’argent doit être au coeur de la réflexion. Les 8-12 ans, sur des sites de partage de vidéos comme Youtube ou Dailymotion, regardent la musique à plus de 50%, et c’est à partir d’un constat comme celui-ci que l’on peut donner des réponses pertinentes selon Gilles. Quant au financement de la création ? Il est cyclique et à connu le mécénat pour aller vers le financement participatif. Pour l’instant la priorité est de gagner en nombre d’entité qui peuvent pousser et promouvoir la musique, et surtout de développer des interfaces utilisateurs ultra simplifiées. Pour autant le nombre d’entité dans cet écosystème (il commence à y avoir pas mal d’acteurs) est intéressant mais leurs impacts potentiels respectifs ne semblent pas suffire à transformer la valeur d’usage en valeur économique, ce qui est impactant pour les petites entités.

Philippe Cohen Solal, de Gotan Project est auteur, artiste et producteur. Pour le mot de la fin il raconte son histoire d’amour avec le vinyle et son désamour pour le mp3. Donc il a un regard assez détaché sur la mort possible de ce format et se demande surtout comment l’industrie peut gagner de l’argent. Il va tenter l’analogie avec l’apparition de la radio libre perçue alors comme une menace pour les maisons de disques, puisque elle permettait l’écoute continue de musique en haute qualité. L’URL va-t-elle devenir la radio du mp3 ?

Sur ces pitchs d’intervenants, les problématiques économiques n’ont été que trop peu abordées, et le sont dans la seconde partie : le débat, «Quelle formes de monétisations pour la musique ?»

Annina Svensson ne veut pas oublier la création, sans laquelle une initiative comme Spotify n’aurait pas de sens. L’exhaustivité du catalogue détermine la valeur de l’offre de Spotify, et même si les labels peuvent percevoir le site de streaming suédois comme une menace, elle leur demande un peu candidement de faire un «Leap of faith» et de croire à long terme à ce modèle. Yvan Boudillet envisage des modèles coexistants et rappelle que le streaming est un relais de croissance pour le mp3 (Deezer 1er affilié d’iTunes, etc.). De plus l’identification de valeur sur le streaming est complexe puisqu’elle fluctue en fonction de l’utilisateur. Sur iTunes, le prisme du prix peut être animé ce qui est plus difficile sur une logique cross-plateforme. Et ce prisme du prix peut permettre un relais de croissance pour le back catalogue en créant des promotions croisées entre les nouveaux artistes et les artistes dont ils se réclament. Lors de ce débat il sera aussi rappelé que l’iTunes-dépendance existe encore, mais qu’elle empêche le paradigme de la longue traine d’être validé. Ainsi sur le streaming les abonnés payants à Spotify valident ce paradigme et écoutent beaucoup plus de musique indépendante que les utilisateurs de la version gratuite.

Philippe Cohen-Solal (Gotan Project), Annina Svensson, Franz Tournadour (Playlive), Gilles Babinet, Aymeric Pichevin

Pourtant dans ce débat parfois assez consensuel les questions pratiques ne sont pas abordées. Les problématiques de financement de cet écart de trésorerie entre un business model concentrique autour du disque et un business multicentrique autour de l’artiste sont évitées. Et pour cause, les principales pistes de financement impliquent que la musique ne soit plus monétisée directement, mais serve de produit d’appel pour d’autres industries. Si les notions de «Branded Content», de «Social Gaming» et d’abonnement téléphoniques sont uniquement avancées quand on parle monétisation, le risque pour les créateurs et les producteurs de devenir dépendant de ces acteurs devient important.

Du coté des questions, elles sont restées plutôt génériques, avec un décalage réel entre les attentes du public et les réponses des panélistes. En témoigne une intervention d’un artiste vraisemblablement irrité par la tournure quasi exclusivement business qu’a pris la conférence, qui s’en est pris principalement à Annina Svensson, DG de Spotify France, et à son incapacité à répondre concrètement à des questions de monétisation de la création. Sur Twitter, de nombreux participants attendaient une question sur la licence globale, mais sans revendications précises. Cette bataille date un peu et semble être obsolète face à la configuration actuelle des acteurs (entrepreneurs et créateurs) autour de la gestion de l’innovation.

En résumé une très bonne première édition d’un rendez-vous que les acteurs attendent désormais mensuellement, et qui sera également attendu par le public avec de nombreuses questions on l’espère les plus constructives possibles. On imagine et espère des prochaines éditions plus spécifiques avec des sujets précis et des intervenants tout aussi pertinents.

Crédits photos: FlickR CC Ophelia Noor et Silicon Maniacs

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http://owni.fr/2011/02/25/bilan-music-net-works-1-le-mp3-est-mort-vive-lurl/feed/ 0
Première édition de Music Net.Works http://owni.fr/2011/02/21/premiere-edition-de-music-net-works/ http://owni.fr/2011/02/21/premiere-edition-de-music-net-works/#comments Mon, 21 Feb 2011 15:56:53 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=30450 Le lundi 21 février voit la naissance d’un nouveau rendez-vous regroupant les professionnels de la musique, du web et des nouvelles technologies.

Session #1 : “Le MP3 est mort, vive l’URL ?”

Lundi 21 février 2011 de 19h à 22h à La Cantine

Alors que les usages de consommation de musique enregistrée subissent de profondes mutations, peut-on considérer que l’immatériel primera sur le fichier, de quelle manière et avec quels résultats pour les différents acteurs concernés ?

C’est avec ce thème volontiers provocateur que Music Net.Works sera lancé le 21 février à l’initiative d’OWNImuic, Silico Sentier, Le Bureau Export de la musique française et Paris Mix, et activement soutenu par Spotify, MXP4 et AF 83 Media.

Pour nous éclairer sur le sujet, un panel d’experts débattra et nous proposera sa vision professionnelle de cette évolution majeure de la musique enregistrée.

- Intervenants -

Aymeric Pichevin , correspondant en France du magazine Billboard, maître de conférence associé à La Sorbonne
Annina Svensson, directrice générale de Spotify France
Franz Tournadour , fondateur de Playlive
Romain Becker, Chef de projet web et nouveaux produits chez Believe Digital
Yvan Boudillet, responsable du département digital business development chez EMI Music France
Laurent Bizot, directeur général du label No Format
Antoine El Iman, co-fondateur de Noomiz
Gilles Babinet, entrepreneur, fondateur de MXP4, Musiwave, Awdio et CaptainDash

Avec la participation de Philippe Cohen Solal de Gotan Project

A partir de 21 h : drinks + musique !

Music Net.Works, c’est quoi ?

Musique, web, start-ups, digital, innovation, contenus, monétisation, business model, évolutions… Des mots souvent associés en théorie, mais rarement confrontés dans la pratique…

C’est pour cette raison que nos partenaires et nous avons voulu créer un rendez-vous parisien des acteurs de la musique et du web mixant débats, workshops, networking et rencontres artistiques.

A chaque édition, une problématique d’actualité et un panel d’experts pour confronter leurs points de vues. L’ambition de Music Net.Works et d’être pérenne et de proposer chaque mois un débat.

Si vous ne pouvez pas être présent à ce lundi à la Cantine, vous pouvez néanmoins suivre la soirée en direct via le site Music Net.Works, le site de la Cantine ou encore notre page Facebook.

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http://owni.fr/2011/02/21/premiere-edition-de-music-net-works/feed/ 1
Le modèle Beezik décortiqué http://owni.fr/2011/02/14/le-modele-beezik-decortique/ http://owni.fr/2011/02/14/le-modele-beezik-decortique/#comments Mon, 14 Feb 2011 11:00:07 +0000 Caroline J. http://owni.fr/?p=30268 Caroline J. vit au Québec et écrit sur le blog EntertainD

Aujourd’hui, je vous présente un petit bijou d’Internet que j’ai découvert et qui, selon moi, représente une véritable révolution dans le monde de la musique: Beezik . Enfin un concept qui ravit tout le monde : une plateforme de téléchargement de musique gratuite ET légale !

L’entreprise naît en 2009 d’un constat très simple : depuis 10 ans, les internautes rechignent à payer pour l’achat de musique. Beaucoup de sites d’écoute de musique apparaissent, mais cela oblige toujours les utilisateurs à rester connectés devant leurs ordinateurs. Ainsi, pour se démarquer, les fondateurs de Beezik ont choisi de miser sur la portabilité des morceaux en créant le premier site de téléchargement de musique entièrement gratuit et légal. Mais comment rentabiliser le site sans faire payer l’utilisateur?

Publicité : oui, mais pas n’importe comment !

Toujours la même recette : la publicité. Mais avec modernité et originalité !
1) une première publicité audiovisuelle apparaît pendant le téléchargement, mais pas n’importe laquelle : celle que vous aurez choisie auparavant parmi les 4 marques qui vous auront été proposées (et il y en a pour tous les goûts!) ;
2) une fois sur votre ordinateur, une publicité fixe de la marque choisie est accolée à l’image du titre extrait ;
3) cette même publicité apparaît sur tous les supports d’écoute où le morceau est exporté (dont la nouvelle application pour iPhone et iPod), car les fondateurs ont optimisé le téléchargement pour proposer des titres sans DRM.
4) et comme si cela ne suffisait pas, à la fin de la procédure, vous êtes récompensé de 0,30€ à dépenser chez les sites transactionnels partenaires.`

Le revers de la médaille

La majorité des revenus du site vient des publicités visualisées pendant le téléchargement. Ainsi, pour survivre, le site doit s’assurer de nombreux annonceurs et donc proposer un concept avantageux à ces marques. C’est là que Beezik devient innovant : en plus de choisir votre publicité, le site ne vous laisse que quelques secondes pour confirmer votre téléchargement. Les fondateurs assurent ainsi à leurs clients annonceurs une grande visibilité : la promesse de visionnage complet de la publicité par les internautes incite les marques à signer.

Mais ça ne s’arrête pas là, la visibilité de la marque est renforcée par sa présence en dessous du titre sur chaque support utilisé. Et, bien sûr, comme c’est l’utilisateur qui a choisi la marque publicisée, l’annonceur est certain de rejoindre un public intéressé. C’est grâce à ce concept intelligent que Beezik a déjà réuni plus de 40 marques et non des moindres : Nike, EMI, Mc Donald, Blackberry…
Et ça rapporte gros! A 25 centimes le clic (pour l’annonceur) et avec plus d’un million de membres, il est certain que la jeune start-up Beezik est vouée à devenir une grande entreprise (Source : Techcrunch).
Enfin, la récompense de 0,30€ par téléchargement est aussi, selon moi, une publicité détournée. Après avoir téléchargé plusieurs morceaux (et donc avoir amassé quelques euros), l’internaute est tenté de dépenser la somme acquise chez les sites partenaires. Et Beezik reçoit certainement un pourcentage des ventes pour la redirection des internautes vers ses partenaires, ce qui assure encore une fois la rentabilité du site.

Et les artistes ???

Bien sûr, une partie des revenus est reversée aux artistes et autres ayant-droits (maisons de production…). Mais les spécialistes du domaine restent partagés : les revenus de ce type de commerce ne sont pas aussi importants que ceux de la vente de disques, ou même de la vente de titres numériques. Et les maisons de production commencent à s’interroger sur l’avenir de la musique face au commerce électronique musical de plus en plus populaire.
Les artistes ont déjà envahi le web pour leur promotion : ils sont maintenant présents sur les réseaux sociaux, créent leur propre site, et profitent des nouvelles chaînes musicales sur internet. De leur côté, bien qu’ils aient accepté cette évolution dans la promotion des artistes et de leurs disques, les producteurs ne sont pas encore prêts à transposer cette révolution dans la distribution de leur musique sur la toile.

Beezik pose la question de la viabilité du modèle de téléchargement sponsorisé par la publicité (après le streaming, avec Spotify et Deezer notamment) mais semble pour le moment être une alternative satisfaisante aux plateformes classiques. Il sera intéressant d’observer l’évolution de ce business model dans les mois à venir.

Article initialement publié sur le blog EntertainD.

Crédits photos : FlickR CC allthatimprobableblue

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Mais que font les indépendants ? http://owni.fr/2011/01/21/mais-que-font-les-independants/ http://owni.fr/2011/01/21/mais-que-font-les-independants/#comments Fri, 21 Jan 2011 17:37:01 +0000 Rémi Bouton http://owni.fr/?p=29744 Rémi Bouton est journaliste et a travaillé sur Ouï FM, puis dans la presse pour Billboard et Musique Info mais aussi chez Naïve. Le secteur de la musique n’a donc aucun secret pour lui.

Le marché de la musique enregistrée a changé. Il ne s’agit plus de vendre des titres, un par un, au plus grand nombre possible mais de gagner l’attention des auditeurs qui, par leur écoute, rémunéreront les ayants droits. De quoi bouleverser les équilibres entre majors et indépendants.

Dans un marché de la musique par abonnement, Deezer, Spotify, mais aussi où la radio, les synchros et les lieux sonorisés (cf les coiffeurs) contribuent de plus en plus aux revenus des ayants droits, la musique est en quelque sorte prépayée… à charge de rétribuer chacun selon les titres diffusés ou
écoutés par le public.

En d’autres termes, on ne demande plus au citoyen de payer pour quelque chose qu’il a envie d’écouter, mais de rétribuer via des circuits complexes, la musique qu’il a écouté à tel ou tel moment de la journée sur son smartphone, à la radio ou chez le coiffeur… dans le cloud.

Ce qui change pour le public, pas grand-chose par rapport au modèle actuel si ce n’est qu’il lui faudra peut-être payer un peu plus (abonnements, copie privée, redevances voire licence globale) pour financer la création de cette musique.

Ce qui change pour les maisons de disques : tout.

Jusqu’à ce jour, le but du jeu était de vendre des disques, des titres, qu’ils soient écoutés ou non, en activant les mass média de TF1 à NRJ, via d’importantes opérations de promotion marketing et pub TV. Aujourd’hui, on ne vend plus la musique. L’enjeu est d’attirer l’attention du public sur des titres, des artistes pour qu’il écoute, qu’il aime et qu’il y revienne. Et plus il écoutera, plus l’argent arrivera alors via les circuits dont je parlais ci-dessus.

D’une économie de la vente, on passe à celle de l’attention à son public. Les maisons de disques, qui ont toujours superbement ignoré leur public en passant par l’intermédiaire des médias pour la promotion ou des disquaires pour la vente, se trouvent désormais dans l’obligation de chercher à mieux le connaître : l’identifier, le séduire, l’avertir sur toutes les nouveautés qu’il pourrait aimer.

Ceci n’est pas tout à fait nouveau. Depuis quelques années déjà les managers s’intéressent aux fans de leurs artistes et aux modèles qui vont avec. De même, avec des outils comme Open Disc les producteurs ont cherché à construire des communautés autour de leurs stars. Mais on restait dans l’artisanat. Ce qui est nouveau, c’est que le modèle est en train de basculer complètement, que les maisons de disques commencent à adapter le procédé de façon industrielle, pour l’ensemble de leurs artistes, de leurs catalogues.

C’est sans doute là la raison de la création d’Off TV. Le média, intermédiaire hier entre le créateur de contenu et le public, devient la propriété de la major (Universal) afin que celle-ci contrôle mieux les contenus qui y circulent, mais aussi, gagne une meilleure connaissance des publics qui les consomment. Ainsi, tout média qui intègre des contenus d’Off TV permet de remonter les informations à la major. Dans un monde « idéal », cet outil permet de monitorer tous les flux, c’est-à- dire de pouvoir analyser la manière dont le succès viral se développe sur le net, la présence de telles ou telles communautés sur tels ou tels blogs, leur impact sur la croissance des écoutes sur les offres de streaming, des ventes de billets de concert, etc.

Évidemment, les maisons de disques ont toujours analysé les médias et les ventes pour chercher à optimiser leurs opérations promotionnelles. Savoir que la diffusion d’un titre sur une radio régionale, qu’une date de concert permet d’optimiser la mise en place du disque dans les Fnac et les hypers du secteur, est un secret de Polichinelle qu’on s’échangeait au siècle dernier. Analyser les ventes magasin par magasin pour chercher à dresser le profil des acheteurs également.

Avec Off TV, Universal va beaucoup plus loin. Cet outil ultra efficace diffuse des contenus exclusifs et gratuits. Ceux-ci peuvent circuler librement sur la Toile mais à une condition essentielle de traçabilité. Ainsi, l’outil permet à Universal de développer la visibilité de ses artistes sur l’ensemble des sites qui adoptent le système et en même temps, l’outil permet de remonter des informations sur la fréquentation de chacun de ces sites et donc d’avoir une meilleure connaissance de tous cesmédias avec lesquels elle pourrait optimiser ses opérations marketing et promotion.

De plus, en apportant des contenus gratuits, Universal augmente ses chances de les voir diffuser et améliore son image de « major assise sur des contenus qu’elle nous interdit d’échanger ».

Alors certes, Universal ne donne pas le bon exemple en offrant du gratuit quand son président demande dans le même temps que se développent des modèles payants. « Produire quelques minutes d’interview ou d’images vidéos sur le vif coûte beaucoup moins cher que de produire un album en studio et de développer une carrière » souligne Pascal Nègre. « On peut donner ces contenus d’OFF TV, s’ils nous permettent de mieux vendre notre musique » dit en substance le PdG d’Universal.

Malin. Voilà une bonne façon de préparer l’avenir et de gagner le soutien des internautes qui seront ravis de pouvoir publier sur leurs blogs des images de leurs artistes préférés et voient dans Off TV un média vraiment cool. Une façon aussi de prendre de l’avance sur la concurrence en ayant une meilleure connaissance du secteur. C’est bien joué de la part d’Universal qui, en tant que leader du marché, a toujours su jouer de sa position pour prendre des positions, en avance sur la concurrence, et conserver ainsi sa part de marché.

A l’époque où NRJ faisait encore la pluie et le beau temps sur le top 50, Universal était déjà leader et avait déjà de meilleurs accès aux médias phares et de meilleurs conditions pour acheter de l’espace publicitaire. Les producteurs indépendants ont dénoncé ces distorsions de concurrence, mais sans jamais savoir vraiment s’organiser pour reprendre le dessus. Avec Off TV et alors que la pub TV et les FM perdent tout impact sur le succès des artistes, Universal reprend une longueur d’avance que la concurrence risque d’avoir bien du mal à rattraper.

Et notamment les indépendants, qui sont pourtant les garants de la diversité culturelle. En ayant rejeté les propositions de gestion collective de leurs droits en ligne, ils ont pris une sérieuse hypothèque sur leur avenir. En étant incapables de s’entendre sur le développement de projets communs (comme l’ont fait par exemple les tous petits labels alternatifs de cd1d), les producteurs indépendants ne construisent pas leur modèle économique du futur. Pourquoi ne cherchent-ils pas, eux aussi à créer des plateformes communes pour développer leurs artistes ?

Demander des aides de l’État est compréhensible. En période de crise, il est normal que la puissance publique apporte de l’aide aux secteurs en difficultés. Mais encore faut-il bâtir le futur de la filière. L’État ne pourra pas aider indéfiniment.

La bonne nouvelle, c’est la création annoncée d’une Centre national de la Musique – que l’auteur de ces lignes appelle de ses vœux depuis des années. On en reparlera probablement au Midem.

Crédits photos : Johnnyalive; zilverpics; pkirn

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La petite musique des fonds d’investissement http://owni.fr/2011/01/20/la-petite-musique-des-fonds-dinvestissement/ http://owni.fr/2011/01/20/la-petite-musique-des-fonds-dinvestissement/#comments Thu, 20 Jan 2011 16:18:19 +0000 Philippe Astor http://owni.fr/?p=29730 Philippe Astor (@makno), journaliste spécialiste de l’industrie de la musique, a co-fondé le site Electron Libre, publie sur Musique Info et est blogueur sur digitaljukebox.fr.

De plus en plus de fonds d’investissement jètent leur dévolu sur les actifs d’une industrie musicale exsangue après dix ans de crise du disque. Tous les fonds de catalogue prestigieux, qui promettent de se transformer en vaches à lait, suscitent désormais leur convoitise. Mais ils goûtent moins la prise de risque que constitue l’investissement dans la production et le développement de nouveaux talents, ce qui n’est pas très bon signe.

A quelques jours du Midem 2011, ce n’est plus qu’un secret de polichinelle : le second semestre 2010 s’est révélé beaucoup moins bon en terme de ventes de musique que le premier, au point que le SNEP pourrait annoncer, lors de sa conférence de presse annuelle à Cannes, un recul du marché de gros de l’ordre de 4 %. A noter que l’embellie des ventes de gros de fin 2009 et des six premiers mois de 2010 ne s’est jamais traduite par une embellie des ventes de détail.

Dans un contexte économique qui n’est toujours pas reluisant, certains acteurs du marché parviennent cependant à tirer leur épingle du jeu, au point même de susciter l’intérêt d’investisseurs en capital risque. C’est par exemple le cas de X5 Music Group en Suède. Ce n’est pas une start-up de musique en ligne mais un label au profil atypique, qui vient de lever 7 millions d’euros auprès du fonds de capital risque NorthZone Ventures, principal actionnaire de Spotify..

X5 Music Group ne produit pas de phonogrammes et n’investit pas dans le développement de nouveaux talents, mais s’est spécialisé dans l’acquisition de droits “masters” sur des compilations de fond de catalogue qu’il licencie à différentes plateformes de musique en ligne et à des agrégateurs pour les exploiter en ligne.

Des « Early Years » de Roy Orbisson aux « #1 Hits » d’Elvis Presley, en passant par « The Very Best » de Stan Getz, le « 75 Year Anniversary » de Gene Vincent ou « The Complete B » de Billie Hollidays, X5 Music fait son marché dans les vieilleries de fond de catalogue et les compilations de tout acabit : de rock, de jazz, de country, de blues, de classique, etc.

Et ça marche ! Le label se présente ainsi comme le premier partenaire, en Europe, de plateformes de téléchargement comme iTunes ou Amazon MP3, avec quelques 70 millions de ventes en téléchargement au compteur. Avec les fonds levés auprès de NorthZone Ventures, la compagnie s’apprête désormais à pénétrer sur le marché américain, où cet argent lui permettra d’acquérir de nouveaux droits masters, afin de les exploiter sur Interne

Mauvaise pioche

Passons sur la mauvaise pioche du fonds d’investissement britannique Terra Firma, qui a racheté en 2007 la maison de disques EMI (et ses prestigieux catalogues d’édition et de masters), au prix fort, par effet de levier, c’est à dire en s’endettant lourdement au plus mauvais moment, avant que n’éclate la crise des subprimes. Entre temps, EMI a enregistré des résultats plus qu’honorables, mais pas au point de pouvoir faire face aux échéances de sa dette et d’éviter que la banque américaine Citigroup, qui a financé son rachat, ne mette à plus ou moins brève échéance la main sur l’ensemble de ses actifs, avant d’en organiser la vente par appartements.

Or derrière les repreneurs potentiels, supputés ou déclarés, des actifs d’EMI, se cachent d’autres fonds d’investissement, qui semblent décidément très séduits par un marché de la musique pourtant réputé exsangue. Il en va ainsi de ceux (dont l’américain Bain Capital) qui ont financé le rachat de Warner Music à AOL Time Warner aux côtés d’Edgar Bronfman, et qui ont d’ailleurs très vite récupéré leurs billes à l’issue de cette opération, ou encore du fonds KKR (Kohlberg Kravis Roberts & Co), actionnaire de BMG Rights Management à hauteur de 51 % aux côtés du groupe de médias allemand Bertelsmann.

Dans un article publié sur Electronlibre.info, je retrace la génèse de BMG Rights Managemment, structure dédiée à la gestion de droits masters et d’édition dans le secteur de la musique, dont la création et la montée en puissance ces deux dernières années marquent un retour en force de BMG (l’une des cinq majors du disque au début des années 2000, qui avait complètement disparu des radars de l’industrie musicale en 2008) sur le devant de la scène.

Cette nouvelle structure s’est lancée depuis fin 2008 dans une politique d’acquisition tous azimuts de catalogues d’édition prestigieux. Après avoir acquis l’éditeur Crosstown Song America en juillet 2009, BMG Rights Management a entre autre mis la main sur Cherry Lane Music Publishing en mars dernier, l’un des plus gros éditeurs indépendants américains, avant de racheter le célèbre éditeur britannique Chrysalis, au mois de novembre 2010.

En quête de vaches à lait

Les éditeurs de musique, qui représentent les droits des auteurs-compositeurs (partitions et paroles), ont beaucoup moins souffert de la crise du disque que les producteurs de phonogrammes, au point que dans leur globalité, leurs revenus ont légèrement progressé au cours des dix dernières années à l’échelle mondiale, la multiplication des canaux de diffusion (à l’origine d’une augmentation des droits d’exécution publique qu’ils perçoivent) et le développement du placement de musique à l’image (synchro), qui peut être très rémunérateur, ayant compensé la baisse des revenus qu’ils tirent des ventes de disques (droits de reproduction mécanique).

Aussi certains catalogues d’édition constituent-ils de véritables vaches à lait et ont-ils suscité la convoitise ces dernières années. Le secteur a connu une véritable redistribution des cartes, au cours de laquelle Universal Music, en rachetant le catalogue de BMG Music Publishing, s’est hissé à la place de numéro un mondial. Mais cette convoitise s’oriente clairement, désormais, vers les droits sur les masters de fond de catalogue, qui retrouvent une seconde jeunesse sur Internet, en particulier avec le développement du streaming (1).

Ainsi BMG Rights Management se dit-il beaucoup plus intéressé, aujourd’hui, par l’acquisition des droits masters d’EMI que par celle de ses droits d’édition, beaucoup plus chers à acquérir, et beaucoup moins rémunérateurs sur Internet, qu’il s’agisse de streaming ou de téléchargement. S’agissant d’un fond de catalogue prestigieux, qui a toutes les chances de se transformer en vache à lait, cela n’a rien d’étonnant. D’autant que son exploitation ne revêt aucune prise de risque.

Par contre, ni BMG Rights, ni X5 Music, à une moindre échelle, ne manifestent de velléités d’investir dans la production ou le développement de nouveaux talents, ce qui n’est pas très bon signe. D’un industrie essentiellement axée sur la production de nouveautés, appelées à constituer les fonds de catalogue de demain, l’industrie de la musique risque fort de se transformer de plus en plus en machine à exploiter des standards dont la production a déjà été largement amortie et à resservir essentiellement des plats réchauffés.

A moins que ne se crée un cercle vertueux qui verrait les revenus générés par les fonds de catalogue être réinvestis dans la production. Mais il faudrait pour cela que ceux qui mettent aujourd’hui la main sur ces fonds de catalogue, d’édition comme de masters, soit plus animés par l’amour de la musique que par l’appât du gain, ce qui, s’agissant de fonds d’investissement, est loin d’être gagné.

(1) Alors qu’à peine 20 % des titres de musique référencés sur iTunes se vendent, 70 % de ceux qui figurent dans le catalogue de Spotify sont écoutés

Article initialement publié sur Digital Jukebox

Crédits Photos : FlickR CC : Daniel Hedrick; Wiity Name; Domien

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Le jour où Spotify a changé le monde http://owni.fr/2011/01/06/le-jour-ou-spotify-a-change-le-monde/ http://owni.fr/2011/01/06/le-jour-ou-spotify-a-change-le-monde/#comments Thu, 06 Jan 2011 13:10:13 +0000 Kyle Bylin http://owni.fr/?p=29362 A l’aube de cette nouvelle décennie, le secteur de la musique digitale reste inchangé. Spotify n’a pas été lancé aux Etats Unis en 2010. Les choses auraient-elle été différentes si tel avait été le cas ? Sûrement. Si ce service avait été lancé aux Etats Unis, on aurait connu une révolution semblable à celle provoquée par le phénomène iPod. Cela aurait pu arriver et c’est d’ailleurs toujours envisageable. Loin de moi l’idée de jouer les évangélistes bornés.

Il est vrai qu’à la vue des caractéristiques sociales de Spotify, les déclarations de Daniel EK semblent crédibles, notamment lorsqu’il dit que sur Facebook, la musique va devenir plus populaire que les photos. L’échange de photo est l’essence même de Facebook, tout comme les jeux FarmVille ou CityVille. La mise à jour des statuts et les échanges de liens jouent également un grand rôle. Nous aimons bien savoir ce que font nos amis. Toutefois, une large majorité d’inscrits n’utilise que très peu son compte.

La plupart des gens est sur Facebook, mais ne l’utilise pas. Ils ne passent pas tout leur temps à poster des photos, ni à mettre à jour leur statut. Spotify veut changer ça. Le partage de musique très facile devrait permettre aux derniers utilisateurs de facebook d’échanger à nouveau. C’est une activité qui demande un minimum d’effort. Pas d’inquiétude, votre futur employeur ou école ne risque pas de tomber sur des photos compromettantes puisqu’il ne s’agit que de musique.

Avec Spotify, il y a une section “Nouveautés”, à la manière des fils d’actualités de Facebook, qui devrait un jour en proposer un consacré exclusivement à la musique, développé par Spotify. On peut imaginer un player permettant de streamer vos nouveautés musicales pendant que vous consultez vos autres messages.

Un jour, la musique fera partie intégrante de Facebook.

Pourquoi ? C’est simple.

Le temps passé sur le site. La musique est la meilleure façon d’accroitre le temps passé sur Facebook. Quand Mark Zuckerberg parle de révolutionner l’industrie du contenu en 5 ans, il sait de quoi il parle. La musique est vitale pour garder les utilisateurs plus longtemps sur Facebook. C’est pourquoi, des extraits musicaux de 30 à 90 secondes sur Facebook ne suffisent pas.

L’évolution de la musique sociale

Spotify est ce qui se fait de mieux pour rendre la musique sociale et facilement partageable. Vous pouvez importer vos amis Facebook directement sur Spotify, instantanément partager vos suggestions et leur faire écouter. Il devient de fait beaucoup plus facile de partager et consommer de la musique. La dimension sociale devient une norme. On a toujours échangé de cette manière, sauf qu’avant c’était sous forme de fichier ou de lien. Maintenant, les échanges sociaux se font sur Spotify.

Comme Ek l’a annoncé dans Wired, son ambition est de ramener nos habitudes de consommation de musique illégales vers une pratique légale. Plutôt que d’encourager les échanges de fichiers entre inconnus, Spotify nous permet de partager la musique avec notre réseau, et plus important encore, nos amis. Alors que les internautes veulent toujours avoir la possiblité de téléchager de la musique gratuitement et facilement transférable sur sur leur iPod ou sur CD, leur bibliothèque n’est pas éternelle sur un disque dur. En revanche, elle peut l’être dans le cloud.

Les bibliothèques musicales passent de tangibles à intangibles – d’une expérience concrète à une expérience sociale. Petit à petit la frontière entre bibliothèque personnelle et collective deviendra de plus en plus floue.

Un jour , les internautes streameront un torrent avant de le télécharger. C’est juste une question de temps. Parallèlement, Spotify donne aux utilisateurs la possibilité de pré-écouter tout ce qu’ils souhaitent, de se constituer une énorme bibliothèque musicale, et de la partager sans difficulté avec leurs amis. C’est l’évolution de la musique sociale : tous les iPod et iPhones seront connectés entre eux. La musique s’infiltrera sur tout les réseaux sociaux et deviendra elle-même un objet social.

Nos applications et écrans tactiles devraient nous permettre d’interagir à nouveau avec notre musique, et de le faire tous ensemble. L’avenir, c’est le croisement entre Spotify, Facebook et Aweditorium. De plus, la barre de statut, la réussite, et l’interactivité – des informations-clé dans l’univers du jeu vidéo – feront partie intégrante de l’expérience musicale.

L’engagement des fans s’en trouvera accru. L’avenir est le croisement entre la consommation de musique et le jeu. L’échange de musique sera encouragé et non plus entravé.

Le futur qui n’arrive jamais

Si Spotify avait été lancé avant 2011, une tempête médiatique aurait eu lieu. D’une certaine manière, le fait que la plateforme ne se soit pas encore installée aux Etats-Unis est presque symbolique. Pourquoi ? Une décennie de musique vient de se terminer.

Tout ce que l’on écrira sur l’industrie de la musique dans les vingt prochaines années pourra faire référence à ce que la période 2000 – 2010 révèle de l’incapacité des majors à appréhender le changement et à donner aux fans ce qu’ils attendaient vraiment. Maintenant, si Spotify est lancé au cours de cette décénnie, tous les auteurs considèreront l’événement comme un nouveau départ.

En imaginant que ce chapitre sur l’industrie musicale soit déjà écrit, que nous révèle-t-il ?…Qu’il a fallu dix ans aux labels pour mettre en place un service d’écoute de musique qui se positionne comme une alternative au piratage. Il rendra compte de l’évolution continue de la musique sociale.

Et, nous l’espérons tous, il traitera de la renaissance de l‘industrie musicale avec l’ouverture d’Apple au streaming et à l’abonnement, l’arrivée de Google dans le secteur de la musique, le lancement de Spotify aux Etats-Unis et la croissance jamais démentie de services tels que RDIO, MOG, Thumplay Music, Slacker, et Pandora entre autres. L’avenir de la musique s’est concrétisé. Peut-être même que l’on se souviendra de la décennie 2000 – 2010 comme de “la décennie perdue”.

Dès 2011, l’industrie de la musique va renaître. Il était temps.

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Traduction : Romain Saillet, Loic Dumoulin Richet

Cet article a été initialement publié en anglais sur Music Think Thank.

Crédit photos CC Flickr : Andreas Blixt, p_kirn, _ambrown

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